Camila Rodríguez Triana

Mira Art Fair, démarrage en douceur
Alison Moss, Le Quotidien de l'Art, 3 October 2024
Lancée cette année, la foire répond à un objectif de longue haleine : « dévoiler la diversité de la création en Amérique Latine », martèle Manuela Rayo, fondatrice de Mira. Du 18 au 22 septembre, une vingtaine de galeries se sont retrouvées à la maison de l’Amérique latine, dont certaines ayant une forte présence à l’international, comme Continua. La manifestation fédérait aussi plusieurs enseignes latino-américaines réputées pour leur programmation pointue, à l’instar de Proyectos Monclova (Mexique) ou El Apartamento (Cuba, Madrid). La galerie cubaine présentait entre autres la série Estado Natural d’Alex Hernandez, montrée pour la première fois à la Biennale de Venise de 2019 et repensée ici sous la forme de diptyques (vendus à 38 000 euros la série de six ou à 6 300 l’unité). Des clichés en noir et blanc présentant des scènes, paysages et objets en tout genre étaient dans ce contexte confrontés à des nids d’abeille, que l’artiste avait précédemment enduits de phéromones, en suivant des patrons dessinés par ses soins. Preuve que l’Homme n’est pas en mesure de rationnaliser le monde, les abeilles en déjouent toutefois souvent la trame, amorçant ainsi une réflexion autour des liens entre la nature et l’artifice, pouvant être envisagée sous le prisme politique, social, ou encore écologique. « Ses œuvres étaient parmi les plus photographiées de la foire. L’une d’entre elles a été vendue à la collectionneuse Paola Creixell basée à Houston », confie Christian Gundin, directeur de la galerie. D’autre part, la galerie parisienne BAQ consacrait l’ensemble de son stand à la colombienne Camila Rodriguez Triana, dont le travail poétique, axé sur les narrations postcoloniales et les cosmologies indigènes, était mis en valeur par une scénographie immersive (prix entre 2 800 et 17 500 euros). Ce pari volontairement risqué a cependant pu constituer un frein pour les collectionneurs, la galerie n’ayant pas conclu de transaction durant la foire. Thiên-Bao Le, directrice et fondatrice de BAQ, restait toutefois « optimiste quant à un suivi avec certaines collections publiques qui ont manifesté de l’intérêt. La majorité de nos œuvres sont des installations ou des pièces de grande envergure, ce qui a peut-être freiné les ventes cette année ». Si environ 5 000 visiteurs ont visité la manifestation, le bilan de cette première édition demeure mitigé : «Le marché actuel est compliqué» , rappelle Manuela Rayo, signalant par ailleurs « une fréquentation réduite en raison de la concomitance de l’événement avec la biennale de Lyon ». Elle n’écarte pas un éventuel changement des dates l’an prochain, envisageant éventuellement d’Art Basel Paris.
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